EXTRAIT 1 :
Année académique 2015-2016 : j’étais alors étudiant en troisième année au département de philosophie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Sur invitation de mon ami Mamadou Kamara Dieng, je me suis rendu dans sa ville natale, Khombole, dont il était le président d’amicale, afin de prendre part à un panel. Face à une centaine d’élèves et d’étudiants, je devais prendre la parole en troisième position afin d’entretenir le public sur la question de l’entrepreneuriat des jeunes. Les deux premières personnes à prendre la parole se sont confrontés à un public distrait, ne manifestant visiblement aucun intérêt par rapport à ce qu’elles disaient puisque le bruit du bavardage couvrait tout. Vint alors mon tour. Ayant observé l’attitude du public et celle des deux panélistes, je demandai alors au modérateur de trouver un moyen de calmer le public parce qu’il m’est impossible de prendre la parole quand il y a du bruit. Ne sachant pas quoi faire, il me dit simplement de faire ma présentation et que les personnes intéressées allaient forcément se concentrer.

N’étant pas satisfait par cette réponse, je pris quelques instants pour réaliser que j’avais la possibilité de remédier moi-même à la situation. Je décidai alors de quitter ma place. C’est-à-dire qu’au lieu de rester assis à la table des panélistes et prendre la parole comme les deux précédents intervenants, je me levai et m’avançai vers le public. La foule étant disposée sur les deux côtés (gauche et droite), il y avait assez d’espace au milieu pour que je puisse m’avancer quasiment jusqu’au centre. J’attirais déjà les regards de certains qui semblaient s’interroger sur le sens de ce que je faisais et pourquoi je ne commençais pas déjà ma prise de parole. Ainsi debout, je pris le temps de jeter un regard sur le public, pour constater encore à quel point chacun vaquait à ses occupations : les gens conversaient entre eux comme s’ils étaient à un rassemblement entre amis qui ne s’étaient pas vu depuis longtemps et qui avaient beaucoup de choses à se dire.

Tout d’un coup, j’ai crié d’une voix assez forte pour couvrir tout le bruit des conversations : « JE SUIS AMOUREUX ! » Brusquement, le silence commença à s’installer et tous les regards se dirigèrent vers moi. Même les personnes qui avaient la tête baissée et qui manipulaient leur téléphone ont dû lever leur regard vers moi, comme figé dans un air surpris. On entendait dans la foule des « hein !? » « hein !? » de surprise. Étant sûr d’avoir ainsi capté leur attention, je continuais en disant ceci : « Oui, je suis amoureux. Cela fait à peine trois jours que je suis dans cette ville et déjà je suis amoureux d’elle parce que je la trouve tellement belle, magnifique. Et, si Khombole était un pays, j’aurais déjà fait ma demande de nationalité khomboloise ». Jusqu’au moment où j’écris ces lignes et à chaque fois que je raconte cet évènement, je ressens la ferveur des cris et des applaudissements de ce public suite à cette mise en scène.

Suite à cela, je n’avais eu aucun mal à dérouler mon intervention en lisant la joie sur les visages de mes interlocuteurs. Cela allait d’ailleurs se confirmer par les remerciements, les félicitations, les demandes de photos et d’échange de contacts, à la fin de mon intervention. Qu’est-ce qui s’était passé pour que je puisse obtenir de ce public ce qu’il n’avait pas accordé aux deux personnes qui ont pris la parole avant moi ? La réponse est simple : j’ai su créer un lien affectif avec eux, avant même de leur présenter ce pourquoi j’avais été invité.

EXTRAIT 2 :

Imaginez que vous receviez un billet d’avion gratuit pour une destination de votre choix. Tout content, vous faites vos valises et vous vous dirigez vers l’aéroport. Une fois arrivé-e, on vous présente un jet privé de haute classe et vous montez à bord. Le service est magnifique avec des hôtesses de l’air à votre service et tout pour vous mettre à l’aise. L’avion s’apprête à décoller et, dans l’interphone, vous entendez la voix du pilote qui vous dit : « Bienvenue à bord, Je suis votre commandant de bord mais je ne sais pas exactement où nous allons parce que je n’ai pas pris le temps de définir un plan de vol. Mais, j’ai une solution : nous allons tourner dans le ciel jusqu’à trouver notre direction et espérer que le carburant tienne assez longtemps sinon on a de gros risques de faire un crash. Merci de rester bien assis sur votre siège et je vous souhaite un agréable voyage. » En toute sincérité, après avoir entendu cela, quelle sera la première chose que vous penseriez faire pour assurer votre survie ?

Si vous avez pensé à demander de descendre de l’avion, vous avez réagi comme la majorité des individus qui ne conçoivent pas de se laisser guider par des personnes qui ne savent pas où elles veulent aller. Comprenez alors que c’est cette même réaction que vous provoquerez chez le public si vous ne prenez pas le temps de déterminer et bien maîtriser non seulement le plan de votre intervention mais aussi la qualité de vos informations.

EXTRAIT 3 :

On entre en art oratoire comme on entre en religion. C’est-à-dire qu’on doit vivre cela non pas comme étant une partie de notre vie mais comme la base même de notre vie entière. Ce qu’il faut comprendre c’est qu’être orateur n’est pas qu’une question de techniques à utiliser mais c’est plus une question de mode de vie, d’état d’esprit. Si vous voulez maîtriser l’art oratoire, il vous faudra vivre, manger, dormir, marcher, respirer, penser comme un orateur.

Pour cela, il y a quelques commandements à respecter. Circulant depuis plusieurs années sur internet, je reprends à mon compte les 10 commandements de l’orateur que je vais commenter et adapter dans ce livre. Ces dix commandements émergent comme l’étoile de Bethléem qui va guider l'orateur vers la véritable communion avec son public. Ces préceptes, ciselés dans la pierre de la rhétorique, sont des clés inestimables pour ouvrir les portes de l'impact et de la persuasion. L’orateur doit considérer ces commandements, tels des mantras qu’il gravera dans son cœur et sa mémoire.

1. À la place de ton public tu te mettras

Que serait l’orateur sans le public ? Un fou qui se parle à lui-même. Donc, en réalité, en art oratoire l’élément essentiel qui détermine 80% de ce qu’il y a à faire c’est le public, l’auditoire. C’est pour lui et avec lui que se construit le discours fait par l’orateur. Alors, quoi de plus normal que de chercher à comprendre les attentes, les sensibilités, les espoirs de cet interlocuteur hors-pair ? Un orateur doit être à l’écoute de son public comme un artiste-chanteur est à l’écoute de ses fans. Les meilleurs chanteurs sont ceux-là qui comprennent ce que veulent leurs publics et qui font tout pour trouver l’inspiration nécessaire afin de les satisfaire.

Ce n’est pas pour rien que la première question à se poser dans l’ordre de la préparation est celle de savoir : « à qui je parle ? ». Connaître le public face à qui on va s’exprimer est l’élément essentiel pour ne pas seulement « parler en public » ou de « parler au public » mais bien de « parler AVEC le public ». Parce qu’à travers la communication (orale), on cherche avant tout la communion, la connexion entre les différents membres, afin de renforcer la communauté.

2. Les bonnes questions, tu te poseras

En droite ligne du premier commandement, il s’agit de mettre de l’ordre dans le processus de préparation d’un discours. Pour cela, nul besoin d’aller de gauche à droite, il suffit de suivre la méthode bien précise dégagée à travers les 8 questions que nous avons présentées plus haut. Celles-ci sont un fil conducteur qui permettra exactement de savoir quoi faire et à quel moment. Habituez-vous à répondre à ces 8 questions et vous verrez que votre esprit en fera un réflexe, un automatisme qui vous aidera dans bien des situations.

3. Ta préparation, tu soigneras.

« Une chose bien préparée, c’est la réussite à moitié ». Vous vous rappelez de ce proverbe chinois dont on a parlé plus haut ? Si oui alors il n’y a plus rien à ajouter concernant ce commandement car toute l’importance de la préparation se comprend à travers cette phrase. De ce fait, vous comprendrez aussi pourquoi il est nécessaire de faire de la préparation un des piliers de votre réussite oratoire. Notez que même une visualisation positive avant une prise de parole est aussi une sorte de préparation tout aussi efficace que des heures de répétition.

(LA SUITE EST À RETROUVER DANS LE LIVRE !!!!!!!)

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